Ca sent bon !!

Pourquoi ce titre, me direz vous !?

Depuis que j’ai remis en état cette saline, j’ai pu constater que le milieu très appauvri au départ, au fil du temps s’enrichissait de nouvelles espèces animales et végétales. Cependant dans le marais « flottait » une odeur, pas des plus agréables,  de souffre et de matière organique en décomposition. Je voyais également peu d’organismes aquatiques ( larves de chironomes, néréis, arénicoles,  crevettes menues), voir par moment des relargages toxiques ou une anoxie entraînaient une mortalité  anormale.

J’ai émis l’hypothèse que le milieu était en train de s’adapter au changement et tentait de s’équilibrer .

En effet, abandonné depuis fort longtemps puis laissé en eau douce pour la chasse, il a brutalement été transformé en marais salant, ce qui est très perturbant pour un écosystème !

Même la récolte de sel n’était pas des plus abondantes, surtout concernant la fleur de sel. Car pour que la récolte soit optimale, l’équilibre biologique et chimique doit être en place .

Des bactéries halophiles, catalyseurs, ainsi que d’autres réductrices de certaines molécules chimiques ( souffre , sulfate,…) du fer ( bactéries ferrugineuses ) doivent se multiplier .

L’argile doit se saturer en Nacl ( sodium ) et le calcium ( gypse),  qui « encrassait » mes œillets et conduisait à récolter un gros sel « fin » et inhibait la cristallisation du sodium, devait se réduire ou se former en amont du circuit .

Bref depuis quelques semaines et après 4 ans d’exploitation mes narines « frétillent » de plaisir, car la bonne odeur, caractéristique d’un marais salant en équilibre, peut être captée .

Ouvrez donc bien vos fosses nasales quand vous viendrez dans le marais et alors vous comprendrez ce que je veux vous dire : cela embaume !

Des effluves d’iode, de violette, de sel, bref des effluves de bonheur flottent  et remplissent d’espoir le paludier que je suis, de voir naître une fleur de sel tant attendue .

En parlant de sel, les premiers cristaux de gros sel ont été récoltés, mais il semblerait que se soient les premiers et les derniers de la semaine ( ou du mois ) vu la pluie annoncée !

Concernant les oiseaux, le renard a curieusement laissé les pontes de remplacement, pourtant très accessibles ( sur mes ponts d’œillets ou de fars), et de nombreux poussins ont pu naître .

J’ai pourtant vu quotidiennement « goupil » passer sur les ponts fièrement et  se désintéresser des œufs de gravelots à collier interrompu, petit gravelot ou avocette !

Certes ma présence, lorsque je venais régler mon eau ou remplir les œillets, angoissait les couveuses, mais tout s’est bien déroulé jusqu’à la fin. J’ai donc assisté au plus près, à des naissances ( sans affût) et à des comportements habituels d’oiseaux simulant une aile cassée pour m’éloigner de leur progéniture :

 

Celles la ont grandit :

après les avocettes, les petits gravelots:

et les gravelots à collier interrompu et leurs poussins de la taille d’une pièce de 2 euros ! :

J’ai également comptabilisé trois nids de chevalier gambette qui couvent ou qui ont déjà des petits .

Gambette au nid dans les herbes hautes :

et près de son nid à 3 mètres du dernier observatoire en roseaux ( si vous y allez ! pas de bruit !!) :

Enfin vous ne pouvez venir sur la saline sans remarquer  que mes amies sternes pierregarin m’ont accompagné,  dans ce nouveau lieu,  en nombre. Cette année, j’ai compté 120 nids et d’autres couples s’installent encore ! Quel plaisir de les voir parader et crier. Certaines s’accouplent encore :

d’autres élèvent déjà leurs petits .

Cette semaine, j’ai assisté à une scène rare, l’attaque du faucon pèlerin sur la colonie. Cela a déclenché une sacrée pagaille et les hirondelles de mer ont été stressées pendant plus d’une heure !

Elles parcouraient en groupe serré la vasière de long en large :

Belle technique qui perturbe le prédateur, ne sachant quel oiseau il doit choisir.

Mais plus de peur que de mal, par contre, et je ne pensais pas cela possible, le faucon pèlerin a fondu sur une avocette juvénile au sol et ce n’est que ma présence qui l’a sauvée des serres de ce majestueux rapace .

En plus de ces sternidés, des laridés nichent sur le marais :

Les mouettes rieuses ( 3 nids cette année + 3 prédatés ) et plus d’une centaine de mouettes mélanocéphales ( surtout des immatures et subadultes ) viennent se reposer le matin, vous remarquerez la différence entre les premières et elles grâce à leur cris qui ressemblent à un miaulement .

Autre surprise, parmi les gallinules poule d’eau, les foulques et râles qui nichent, j’ai surpris des poussins de grèbes castagneux , mais n’ayant pas de photo pour le moment, je vous en parlerai au prochain épisode !

Kénavo !