Alerté par un couple de corneilles aux aguets , je me suis approché et ai pu admirer ces petits canetons de quelques jours qui n’ont échappé à l’appétit vorace des oiseaux noirs, que parce qu’ils étaient dans l’eau et suivaient leur mère .
Les corneilles sont mal aimées, et je peste souvent contre elles au printemps, mais elles aussi ont des petits à nourrir et contribuent à l’équilibre de la nature, notamment par leur rôle épurateur
Autre espèce que vous pouvez voir régulièrement sur les marais et que j’attendais dans le mien depuis deux ans : le héron cendré, qui indique que des poissons ont colonisé les lieux
Je l’ai d’ailleurs vu attraper un épinoche devant moi !
Un autre ami qui met des couleurs aux marais et qui sans aucun doute élèvera cette année ses petits sur la saline : le tadorne de belon :
ici monsieur,
et là madame :
Et pour finir, le post d’aujourd’hui, un oiseaux commun « des parking » et adepte de mes digues craquelées :
la bergeronnette grise, qui ici adopte une posture particulière face à un congénère qui la survole :
Bref, la vie commence réellement à être foisonnante sur le marais de Truscat et ce n’est que le début …!
Un jour de beau temps et voila que les amoureuses du soleil sont de retour !
Quelques cris brefs pour signaler leur arrivée et soudain les grandes pattes roses des échasses se dévoilent après de longs mois d’absence .De retour d’Afrique, donc, elle signifient aux autres de la même espèce, que le territoire leur appartient le temps de la reproduction . mais ce n’est pas si simple ! la concurrence est parfois rude pour un paradis …
Ce ne sont pas les seules à se battre un territoire, les avocettes jouent aussi les acrobates aériens avec la même élégance; mais ceux qui détiennent la palme de la bagarre la plus bruyante et avec le plus d’éclaboussure, ce sont les tadornes !
Bref, la saison des amours commence et cela ravi le paludier qui se régale du spectacle de la vie …
Souvent ignoré voir détesté , la vie de la microfaune et notamment de certains invertébrés ailés, est primordiale pour l’équilibre de l’écosystème .
En effet depuis quelques jours des myriades d’insectes se réveillent, parmi eux les chironomes plumeux qui se regroupent par milliers afin de se reproduire .
Ces insectes ressemblant aux moustiques, mais ne piquant pas, fournissent une nourriture de choix aux oiseaux . Les oiseaux chassant au vol, comme les hirondelles, se gavent de l’imago, tandis que les oiseaux strictement aquatiques comme les avocettes, mangent les larves rouges ( les vers de vase ) sous l’eau .
Bref à la nouvelle saline de Sarzeau tout les maillons de l’écosystème se mettent doucement en place et chaque jour réserve son lot de surprise …
Comme vous devez le constater, le temps est peu propice à l’évaporation de l’eau salée et au travail au marais !
Les niveaux d’eau sont parfois très élevés dans le marais, suite aux fortes averses orageuses et dépressions, ainsi le paludier passe plus de temps à vidanger l’eau douce qu’à travailler !
Donc je regarde l’arrivée des premiers oiseaux nicheurs : hier 38 avocettes se bagarraient et paradaient et je regarde ce que ma caméra « posée », cette fois ci, à proximité du marais a « attrapé » :
Un mustélidé masqué qui aime passer sur mes digues, d’autant que son terrier est à quelques mètres du marais : le blaireau
Une nuit j’ai eu 167 vidéos déclenchées devant le terrier du blaireau ! J’étais très content et après les avoir vues, ai constaté que c’étaient 167 vidéos d’un … mulot qui, très dynamique, passe sa nuit à faire des acrobaties, en voila un exemple significatif :
A un autre endroit distant de deux mètres de la saline, l’on croise des animaux que je n’ai jamais vus le jour :
Un autre mustélidé chasseur de souris et de mulots : la fouine
Et un rongeur que je n’avais pas encore croisé non plus, je vous laisse deviner :
Lui je le vois régulièrement de jour :
J’ai parfois la possibilité, quand même de travailler et ai terminé de remplir le gobier ( 2 ème bassin du circuit après la vasière ) d’argile pour établir des fonds corrects :
L’argile ensuite « amigaillée « ( c.a.d cassée et dispersée ) va ensuite, au fil des mois, s’assouplir et se lisser.
Le fond deviendra bien régulier l’année prochaine, comme sur cette image :
Décembre, janvier, février sans nouvelles de la saline, il est temps que le paludier se réveille et vous fasse part des nouveautés !
Tout d’abord il y a peu, de forts coefficients de marée, conjugués à des vents puissants de nord/est ont fait monter le niveau de la mer et ont conduit à la rupture d’une digue .
L’eau du golfe est également passée par dessus les digues de saline et les ont bien abimées, bouchant même le tour d’eau (petit fossé permettant la vidange de la saline ).
Coté saline
Coté golfe
Il va vraiment falloir que je rajoute des pierres car la mer est de plus en plus puissante et risque de gommer, tout simplement les traces de mon travail en faisant disparaître la saline et ses ponts (diguettes ceinturant les bassins ).
Sinon la vie animale commence à s’enrichir et je m’en réjouis !
Comme le père Noël m’a apporté une caméra infra-rouge automatique, je m’amuse à la disposer sur le marais et je vous propose de regarder ce qui a déclenché l’enregistrement, avec ces courtes vidéos : ( je ne sais pas faire de montage, donc je vous livre les images « brut » )
Un de mes « piafs » préféré : le héron cendré en visite nocturne
Un qui se réfugie sur le marais pour, peut-être, éviter de finir farci de plomb (même si le plomb n’est plus autorisé !), le faisan obscur :
Des « becs plats » aux couleurs chatoyantes qui s’énervent sous l’action des hormones printanières : les tadornes de Belon :
Un limicole au bec recourbé si étrange : le courlis cendré
Et enfin l’emblème des paludiers aux couleurs bretonnes : l’avocette qui vient juste d’arriver pour nicher sur le marais salant : une de celle qui s’est fait filmer porte des bagues .Elle a été baguée lorsqu’elle était encore poussin à 15 ou 20 jours :
Si par hasard, vous décidiez de venir voir la saline se réveiller de son repos hivernal, vous aurez certainement la chance, d’admirer mes compagnons de labeur .Merci comme d’habitude d’y aller prudemment ! vous savez pourquoi !!
En ce qui concerne mon travail, les conditions météo n’ont pour le moment , pas été favorables pour que j’œuvre énergiquement !mais la saline est vidée et j’ai débuté la préparation .
Je vais terminé de benner les fars et le cobier ( benner: creuser les fonds d’argile pour avoir un niveau correct ) et ensuite je nettoierais les fonds de leurs dépôts vaseux de l’hiver .
En avril ou mai je remplacerai l’eau de la vasière ( ma réserve d’eau de mer ) qui n’est pas assez salée, suite aux nombreuses pluies hivernales, par de l’eau qui j’espère sera plus riche en or blanc !
Actuellement l’eau de la vasière a 5 gramme de sel par litre, normalement je devrais en avoir 4 à 5 fois plus !
J’attends beaucoup de cette année, car l’année dernière je n’ai pas pu faire de stock suffisant et pas récolté de fleur de sel , donc je vais faire régulièrement la danse du soleil …
Alors que le marais et le paludier semblent endormis, des transformations invisibles au fond des bassins s’opèrent et contribuent à enrichir le milieu. Des micro-organismes se multiplient ( j’observe de plus en plus de copépodes ) et comme ils sont à la base de la chaine alimentaire, il y aura bientôt une faune riche et bien visible.
Ce qui est plus apparent et remarquable, à mon avis, se voit, en ce moment, sur les arbres à feuilles caduques qui entourent le marais : ils sont couleur rouille et contrastent avec les chênes verts
L’orage d’hier accroît le contraste et le niveau d’eau peu élevé des bassins, sans les rides dues au vent, forme un miroir apaisant.
Le château de Truscat visible partiellement par son coté-sud est, niché dans un écrin de verdure, contemple depuis des siècles les métamorphoses du marais salant .
Voila quelques ambiances du moment, alors que des milliers d’oiseaux me saluent quotidiennement depuis leur site d’hivernage à coté et que je continue laborieusement à panser ma saline …
Alors que j’admirais les splendides canards siffleurs mêlés aux bernaches sur le golfe , à marée haute ,
j’ai eu le privilège de voir passer sur le marais, d’un pas rapide, un couple de chevreuil .
Certainement dérangés par un chasseur ou un promeneur, ils ont, en pleine journée, décidé de ce petit raccourci humide !
Je leur sais gré d’avoir évité mes bassins de récolte ( les œillets ), ce qui n’a pas embarrassé d’autres ongulés plus massifs, la nuit dernière .En effet plus de cinq sangliers ont littéralement labouré mes bassins et m’ont obligé à installer une petite clôture électrique pour , au moins jusqu’au printemps,tenter de préserver mes fonds d’argile .
Autrement j’ai pour occupation, en ce moment, d’essayer de colmater mes « fuites » au niveau des œillets .Pour ce faire, je remplace l’argile de mauvaise qualité car mélangée au sable, par de la pure .Cela devrait étanchéifier les ponts d’oeillets et me permettre l’été prochain de cueillir de la fleur de sel !
C’est un travail assez épuisant, car il faut aller chercher l’argile à 200 mètres à la brouette et je suis reconnaissant envers le peuple animal de me fournir des raisons de pauses contemplatrices !
Début Juillet , Pauline de tébésud est venue nous rendre visite et a fait un petit reportage fort sympathique sur le marais salant .Un grand merci à l’équipe et à la charmante Pauline .Le film est passé ces jours ci, alors même que j’ai provisoirement fermé la saline afin de respecter l’arrêté préfectoral et afin de ne pas déranger les oiseaux migrateurs et hivernants du golfe .
Mais ne vous en faites pas, le marais rouvrira au beau jour !
En fait les dates de l’arrêté : fermeture : 1er octobre à fin février
J’espère aussi faire prochainement des aménagements, pour que je ne sois pas contraint à cette fermeture hivernale et afin d’admirer la grande diversité d’oiseaux du golfe sans les importuner .
En attendant je vous montre quelques oiseaux venus passer un moment ou plusieurs mois devant la saline :
Spatules en vol:
depuis septembre, un groupe de 40 spatules est visible quand la mer est suffisamment découverte, ces oiseaux au drôle de bec sont assez imposants et très attachants de par leurs attitudes de pêche et leur nonchalance .En vol: quelle majesté !
De très nombreuses barges à queues noires sont également arrivées et s’envolent au moindre dérangement ou suivent les avancées et recul de la mer :
Mais bien sur je ne peux oublier les innombrables canards siffleurs qui partagent l’espace avec les bernaches fraichement arrivées, les colverts, les pilets, souchets, et autres emplumés qui aspirent à un peu de tranquillité dans cette zone refuge ou la chasse est prohibée .
Ils vont prendre un peu de poids avant de repartir ou avant d’affronter les rigueurs de l’hiver .
Si vous voulez les admirer sans les déranger, vous pouvez aller a marée haute dans la réserve du Duer à coté ou à Saint colombier quand la mer est un peu retirée .
Sinon, si je suis disponible, je pourrais vous montrer, un peu à l’écart, mes compagnons de l’hiver , pour cela je vous laisse mon numéro de téléphone : 0671543791
Enfin pour en finir, une petite observation de saison : à cette période je vois sur le marais salant, sur les zones argileuses , des rassemblement de plusieurs dizaines de bergeronnettes grises .Il y a des adultes :
et des immatures :
Leurs hochement de queue caractéristiques ( on l’appelle d’ailleurs aussi hoche-queue !)et leurs petits cris discrets accompagnent d’autres passereaux, eux aussi nombreux: linottes mélodieuses,pouillots,mésanges,pipits …
Dès fin juillet des cris stridents retentissent dans le marais et me font tourner la tête, des petites flèches bleues passant au ras de l’eau m’indiquent que mes amis martins sont de retour .
Le couple est tellement bruyant que je parviens à l’ apercevoir furtivement la plupart du temps, sans cet effet sonore il passerait inaperçu !
Cerise sur le gâteau, cette année , ces deux martins pêcheurs semblent très excités, avant l’heure de la saison des amours et se « draguent » sans retenues ! Quel superbe spectacle de ces oiseaux au plumage si chatoyant .
Elle ( car la femelle a le bec un peu plus clair ) semble lui dire : « reviens mon beau mâle, mais avec un poisson, si tu veux mes faveurs » !
Parfois posés sur une branche, ils s’observent et adoptent une attitude curieuse de hochement , une sorte de révérence envers l’autre ! remarquez, sur cette courte vidéo, derrière le couple, les très nombreux passages d’hirondelles au dessus du marais . En ce moment, il y a beaucoup de naissance d’insectes et les hirondelles ont besoin de prendre des forces avant leur départ pour l’Afrique .
Concernant mes activités, je procède actuellement à l’arrachage des salicornes desséchées qui, depuis leur présence, empêchent que les oiseaux ne viennent sur la vasière numéro 2 .En effet, les hivernants ont besoin d’avoir une vue dégagée pour s’aventurer et afin de voir assez tôt l’arrivée des prédateurs ( faucons pèlerin, busard ,…).
Donc sur une surface de deux hectares, approximativement, je retire lentement à la main les salicornes mortes mais qui ne veulent pas pourrir et qui sont solidement attachées au substrat .
Ensuite , je fais des petits tas que j’évacue avec une vielle planche à voile :
Voilà, à quoi je m’amuse,en ce moment, en attendant des temps plus cléments pour continuer l’aménagement de la saline .Si le cœur vous en dit, vous pouvez postuler pour faire un stage d’arrachage gratuit en ces lieux magiques !!!
Jour de pluie qui sonne un peu comme une fin de saison, alors un petit article pour ne pas oublier de bons petits moments ensoleillés .
La nouvelle saline de Sarzeau a très rapidement , à ma grande surprise, été découverte par de nombreux visiteurs cet été ! Pas de souci particulier et au contraire de bons échanges avec des personnes avides d’informations et admiratives de la beauté de la nature. En remerciement à notre mère à tous ( la pacha mama !), des œuvres d’arts on été réalisées et je vous propose d’en voir certaines (une toute petite sélection, désolé pour les oubliés, il y en trop ! ) :
Un visiteur ( Sylvain Léa) est également venu et a laissé des images « attrapées » par son moustique géant, cela donne autre chose que de monter, comme je le fais souvent, dans un arbre pour prendre de la hauteur !!
Il y a peu, je vous avais parlé de deux chevaliers de passage sur la saline… un autre de plus grande taille et très bruyant par son cri est arrivé et va rester tout l’hiver : le chevalier aboyeur.
Son cri extrêmement puissant et lancé fréquemment, sans raison apparente, lui a donné son nom.
Le voici derrière un guignette pour que vous remarquiez la différence de taille :
et ensuite seul se mirant dans l’eau :
Un envol brutal de ces limicoles ! Je lève la tête et ce que je soupçonnais se joue : un rapace les a effrayés !
Celui ci passe moins souvent que la buse ou le busard car il ne mange pas de proies qui habituellement sont présentes sur le marais .
En effet la bondrée apivore, et contrairement à ce que sous entend son nom, mange des vespidés – c’est à dire, des guêpes et frelons, ainsi que des vers de terre, les jours de vache maigre.
D’ailleurs en passant sur ma digue j’ai repéré ce qui l’avait attiré par là et les reliefs de son repas :
Je m’arrête là pour aujourd’hui, bien que j’ai encore beaucoup de belles choses à vous conter sur la vie quotidienne de la saline du paradis, mais je le ferai à un autre épisode …
Depuis fin juillet d’étranges petits cris aigus résonnent dans le marais , revenus de leurs site de nidification en bord de rivière les chevalier guignettes , animent à présent la saline de Sarzeau.
Ils sont extrêmement nerveux et hochent sans arrêt la queue , ils sont, de fait, assez difficile à photographier !
Profitons en car il ne séjournerons que quelques semaines, ensuite il partirons plus au sud( Afrique de l’ouest ) pour hiverner .
Ils sont de la taille d’un étourneau et , à peine plus gros, leur tiens compagnie, à la même période , les chevaliers culblanc qui leur ressemble .Ces derniers passerons, pour certains, l’hiver sur la saline
Regardez la différence sur cette photo, les guignettes ont « une virgule » blanche sur le corps :
A gauche le guignette et à droite le cul-blanc appelé ainsi car en vol on distingue, très bien, ses sous caudales blanches .
En ce moment les chevaliers peuvent admirer les différentes chenopodiacées ( salicornes, soudes, arroches, bêtes, …)qui se parent d’habits flamboyants et les splendides asters maritimes qui décident de la fin de l’été pour fleurir et ainsi avoir tous les insectes pollinisateurs pour elles !
Alors que la récolte de sel a repris ( après un arrêt de plus d’un mois suite au temps humide ), je ne peux m’empêcher d’admirer la vie reprendre doucement l’avantage sur ce marais jadis abandonné et espérer encore plus …